Progressant à demi-courbé à travers les hautes herbes, nous ne la quittons pas des yeux. Elle se dresse devant nous, majestueuse... notre première tour de refroidissement.

Nous sommes à la fois excités, curieux, sur le qui-vive. Nous savons que l'endroit est plus ou moins surveillé... de plus, à ce moment, nous ignorions encore comment pénétrer dans ce type de structure. En fait l'accès se révèle relativement simple mais une partie conséquente de terrain est à découvert, avec pas mal de trafic sur les voies de transport situées à côté, aussi il nous faut faire vite pour rentrer.

Visiter une tour de refroidissement procure des émotions particulières qu'il est difficile de partager tant que l'on ne s'est pas retrouvé soi-même dans cette immensité qui impose le respect et l'admiration. Ce que nous ressentons une fois à l'intérieur est un mélange de surprise et d'émerveillement. Ici les passages pour circuler, les rambardes, les clayettes... toute la structure est faite en bois !

La hauteur de la tour est impressionnante, ne laissant voir qu'un étroit disque de ciel bleu à son embouchure. Ce puit de lumière, alimenté par l'eau de pluie, a permis à la nature de reprendre ses droits. Dans les clayettes, de belles fougères bien vertes ont poussé, contrastant joliment avec les nuances de beige et de gris qui les entourent.

Et au milieu de cette verdure se trouve... une petite cabane.

D'après nos sources, elle fut installée ici pour un tournage, et elle y est restée. Nous ne prendrons pas le risque d'aller voir si elle renferme un quelconque trésor mais la scène a quelque chose d'enchanteur, comme un conte. Nous ne nous lassons pas de la regarder sous toutes ses coutures, pour mémoriser ce que nous ressentons.

Se mouvoir dans cet espace n'est pas aisé, nous nous déplaçons du même côté pour ne pas apparaître dans les cadrages photo de l'autre. Les rambardes et planchers ont été fragilisés par le temps, certains endroits sont en très mauvais état et semblent sur le point de céder.

La lumière commence à décliner, nous quittons ce lieu avec un léger regret tellement il nous a séduits. Ici nous nous sentions loin de tout : du temps, des bruits extérieurs, de la vie qui continue...
Une sorte d'Eden industriel.